Fatigués, chargés de bagages, des bébés dans les bras, près de 200 Français de la région de Sendai, la plus touchée par le séisme au Japon, sont arrivés mercredi matin à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle.

Une dizaine de femmes enceintes et 80 enfants de moins de 12 ans figuraient parmi les 185 passagers considérés comme "prioritaires" de cet avion affrété par le ministère des Affaires étrangères.

L'appareil avait acheminé dimanche au Japon une équipe de la sécurité civile pour participer aux opérations de secours liées au séisme et au tsunami de vendredi.

Dans le discours des rapatriés épuisés par 15 heures de vol, l'inquiétude pour leur pays d'adoption était palpable.

"C'est difficile parce que nous avons quitté nos proches. Ma femme est Japonaise et nous avons dû laisser sa famille derrière nous. Et comme vous le savez, la situation n'est pas bonne sur le plan de la sécurité nucléaire", a déclaré un jeune homme.

Les rapatriés ont eu très peu de temps pour se préparer au départ.

"Tout le monde s'inquiétait pour nous. Ma famille est japonaise et ils voulaient que je sois en sécurité", a dit une femme entourée de ses trois jeunes enfants. "On a été prévenus le matin que nous partions le soir."

Une cellule d'urgence a été installée à l'aéroport de Roissy pour organiser les rapatriements en provenance du Japon.

Les autorités françaises refusent de parler de plan d'évacuation, mais le Quai d'Orsay conseille tout de même de quitter le pays ou de descendre vers le sud de l'archipel.

ÉTUDIANTS ET CHERCHEURS RAPATRIÉS

"Nous avons recommandé à nos ressortissants de la région du Kantô (grande région de Tokyo-NDLR) qui ne sont pas astreints d'y rester de se déplacer vers le sud du pays ou de rentrer en France", a déclaré mercredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

"Dans les circonstances actuelles, il est encore difficile d'évaluer précisément le nombre de ressortissants français ayant quitté Tokyo", a-t-il ajouté lors d'un point de presse.

Selon le Premier ministre, François Fillon, il reste "un peu plus de 2.000" Français à Tokyo actuellement, contre 5.000 en temps normal et 9.000 pour tout l'archipel. Avant le séisme de vendredi, plus de 600 vivaient dans la région de Sendai, proche de l'épicentre du séisme.

"Le gouvernement a demandé à Air France de mobiliser des avions se trouvant en Asie pour répondre sans délai à la demande de nos ressortissants", a-t-il dit mardi à l'Assemblée.

Le site de l'ambassade de France au Japon annonçait mercredi de nouveaux rapatriements.

"Pour faciliter le retour en France de ceux qui le souhaitent, deux appareils sont en route vers le Japon. En fonction du nombre de personnes intéressées, les appareils rejoindront la France directement ou via des rotations par Séoul", précise-t-on.

De nombreux Français sont au Japon pour leurs études ou des missions de recherches scientifiques.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a demandé mercredi à ses services de faciliter leurs démarches auprès de l'ambassade de France afin de rapatrier "tous les membres de la communauté universitaire actuellement au Japon".

Les voyagistes français ont décidé pour leur part de suspendre jusqu'au 31 mars inclus les départs vers le Japon.